organisée en partenariat avec des doctorants de l'EPHE
16 juin 2016 Paris (France)

Présentation

Appel à communication pour la journée « Marginalia »

MARGES ET MARGINALIA

Partant du constat que la plupart des chercheurs sont confrontés à un moment ou à un autre à la question de la marge – qu’elle soit objet de sa recherche ou qu’elle devienne un problème méthodologique –, les doctorants du Centre Jean-Mabillon accompagnés de doctorants de l’EPHE (ED 472 et de ED 188), non spécialistes du sujet mais séduits par ses potentialités réflexives pour les chercheurs en formation, proposent de s’interroger sur la notion et le concept de marge, pris au sens large, le 16 juin 2016 à l’occasion de la journée d’étude annuelle des doctorants du Centre Jean-Mabillon.

ARGUMENTAIRE

De nombreux travaux ont interrogé les marges et les marginalia, que ce soit dans une perspective matérielle, sémiotique, anthropologique, géographique, politique, littéraire, historique ou patrimoniale. Toutefois, cette thématique n’est pas épuisée. Cette journée offrirait l’occasion de rendre compte de la marge et des marginalia dans leur intégralitésans contrainte de support, de période historique ou de discipline scientifique.

Plusieurs axes ont été dégagés sans qu’ils soient exhaustifs : l’appel à communication est ouvert àtout doctorant et jeune docteur désireux de participer à cette réflexion à l’appui de son expérience et quelle que soit la nature de sa confrontation avec la marge (scientifique, méthodologique, épistémologique).

Définir la marge

La marge peut signifier bordure, frange, écart, profit, frontière, limite, hors-cadre, etc., des mots pouvant s'articuler ou non. La limite entre information principale et information marginale est délicate à identifier. L’histoire de la page montre que le texte le plus important à lire peut parfois être en marge, elle peut ainsi permettre la communication entre plusieurs entités textuelles. La journée d'étude aimerait illustrer les différentes facettes des marges afin d’apporter plus de clarté à ce terme ambigu et difficile à définir.

Appréhender les marges sur le temps long et par le prisme de plusieurs disciplines permet de mettre en évidence des problèmes de terminologie. Une clarification semble nécessaire concernant le terme de marge, ainsi que ceux qui lui sont liés, comme la pratique de l’annotation qui peut comprendre les commentaires, les notes, les gloses, les apostilles ou encore les scholies. Chacun de ces termes peut recouvrir des réalités différentes selon les périodes et les disciplines. Essayer de retracer l’histoire des pratiques d’annotation pourra également aider à définir l’utilisation des marges.

À l’occasion de cette journée d’étude, la marge et ce qu’elle contient sera appréhendée dans sa dimension physique (la bordure d’une feuille), dans la relation qu’elle entretient avec le texte (sa dimension textuelle), dans les relations qu’elle permet de faire entre les versions d’un texte (intégration des annotations marginales dans le texte principal). La marge peut être envisagée à plusieurs niveaux selon les sources étudiées. Dès lors, comment parvenir à une définition satisfaisante permettant d’arriver à un consensus entre marginalité graphique, textuelle et relationnelle ?

Comment les marges sont-elles utilisées ?

Afin d’analyser de manière pertinente les informations présentes dans les marges, il semble nécessaire d’étudier leur nature et leur forme. Un ensemble de questions (non exhaustives) peuvent orienter la réflexion : à quel moment la marginalia est-elle créée (à la composition, à la copie, à la lecture) ? Quelle est la disposition spatiale des signes, annotations, commentaires, décors (marge, interlignes, etc.) ? Quelle forme prend l’intervention marginale (signe graphique, mot isolé, commentaire élaboré, dessin, peinture, etc., ou encore trace manuscrite, imprimée, numérique) ? S’il existe plusieurs interventions, forment-elles un système ? Des réponses pourront être apportées à cette question en s’intéressant à la récurrence de certains types d’interventions et en se demandant s’il est possible de les rapprocher d’un point de vue thématique, formel, fonctionnel, etc.

Pourquoi les marges sont-elles investies ?

Dans différents supports – actes de chancellerie, manuscrits médiévaux, imprimés, livres électroniques pour ne citer qu’eux – les marges peuvent être investies pour fournir un commentaire, décorer, apporter des informations supplémentaires sur le texte, sur le support lui-même, sur la validation ou l’enregistrement du contenu du texte. En regard du texte, figé par l’écriture, l’impression ou la numérisation, la marge apparaît comme un lieu où compléter, interroger, voire contester ce texte. Outre la question des fonctions que peuvent assumer ces interventions marginales, l’analyse des raisons qui poussent les différents acteurs de la vie d’un texte (auteur, copiste, imprimeur, archiviste, lecteur, etc.) à investir les marges de celui-ci constitue une problématique importante. Les marges donnent l’occasion à l’annotateur d’occuper l’espace éditorial et permettent d’orienter la compréhension d’un texte. Les marginalia peuvent nous renseigner sur les pratiques de mise au point, de production, de réception et de conservation des œuvres ou des documents étudiés par la recherche. Ce sont plusieurs moments de l’histoire de ces objets qui peuvent ainsi être dévoilés. Les pratiques d’annotations sont indissociables des supports, des gestes effectués, des buts recherchés, sans oublier les contextes matériels, économiques et historiques. 

La mise en valeur des marges

Quand elles sont présentes, les marginalia paraissent indispensables à la compréhension du document. Elles font partie intégrante de sa critique par le chercheur. La réflexion pourra porter sur les diverses méthodologies mises en œuvre pour intégrer à nos recherches les données recensées dans les marges des documents. La journée d’étude pourra être l’occasion de discuter des défis soulevés par l’édition et le signalement catalographique des interventions marginales, sous la forme imprimée ou numérique. Cette problématique, tout comme les autres, aimerait réunir des intervenants s’intéressant à toutes les époques et à tous les modes de diffusion du texte depuis le manuscrit jusqu’au numérique.

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